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#4 / Journalistes et techniciens : la qualité a un prix !

Informer, c’est l’une des missions premières de la télévision publique, c’est aujourd’hui le service le plus maltraité de France TV. Journalistes et techniciens sont embarqués dans la même galère. Durant des années, on a cherché à opposer ces métiers et pourtant ils sont interdépendants. Tous contribuent chaque jour à délivrer une information de qualité et tous se posent désormais la question du sens de leur mission.

Malaise chez les JRI et OPS reportage en sous-effectifs, malaise chez les monteurs itinérants, malaise à l’infographie, malaise au PC Info, malaise à la chaîne Info dans le service névralgique des chargés d’édition, malaise à Franceinfo.fr. Les éditions de France 2 et France 3 vivent d’expédients. Les inaptitudes explosent, de nombreux jeunes embauchés qui autrefois projetaient leur carrière dans les rédactions et les magazines prestigieux souhaitent quitter le navire. C’est la culture même de l’info à France TV qui est en danger.

 

DES JOURNALISTES POUR QUOI FAIRE ?

La première « attaque » contre l’information remonte aux années 2000. Dans une enquête du Monde Diplomatique de ce mois de mars 2022 intitulée « Quand les médias se moquent du monde », David Garcia nous explique comment l’information internationale a progressivement disparu des JT. La raison serait le manque d’appétence pour ces sujets qui font chuter l’audience. France Télévisions accrédite 2 journalistes à Bruxelles, contre 15 pour l’ARD (première chaîne publique allemande).

Reste que les chaînes publiques doivent pouvoir échapper aux logiques de la publicité et de l’audimat.

Paradoxalement, ces dernières années, les espaces dédiés aux contenus se sont multipliés avec la naissance des chaînes d’information et Franceinfo.fr.

L’UNSA demandera à la Direction de FTV de donner les moyens à l’information de produire plus de contenus originaux pour les différents supports.

 

FRANCEINFO.FR

La dictature du chiffre régit également Franceinfo.fr. On n’y raisonne qu’en termes d’indicateurs, de clics, de vues ou de reprises sur les réseaux sociaux. Il s’agit de faire de la quantité au détriment de la qualité. Cette stratégie n’est pas en adéquation avec la demande de l’audience sur le numérique. Les médias des pays scandinaves- qui servent souvent d’exemple en matière de médias numériques – ont déjà fait le choix de réorienter leur contenu numérique vers des contenus plus longs et vers plus d’investigation

L’UNSA demande également une réorientation de la stratégie, cela permettra non seulement à la plateforme d’être plus performante mais également de répondre au « désenchantement » des journalistes.

 

QUAND LE JOURNALISME NE FAIT PLUS RÊVER : DÉMOCRATIE EN DANGER !

Pourquoi tant de journalistes – 10 % en dix ans – quittent-ils leur profession ? Les sociologues Jean-Marie Charon et Adénora Pigeolat posent la question dans leur livre, « Hier, journalistes. Ils ont quitté la profession » (éd. Entremises) et dressent un constat alarmant sur l’explosion de la précarité, voire du travail gratuit, et sur la dégradation des conditions de travail. Le chercheur est frappé par leur jeunesse, « une petite moitié a 35 ans ou moins », qui font face à la désillusion.

Les auteurs expliquent que   » ils ont dû pratiquer l’activité dans des conditions pénibles : « clouée à un bureau onze heures par jour pour réécrire des communiqués », « une charge de travail énorme », « des horaires contre-nature », « un salaire insuffisant », et ainsi de suite. Parfois, c’est un burnout qui pousse à changer de voie. La précarité du travail « à la pige » rend également difficile de concilier vie privée et vie professionnelle. C’est un frein en particulier pour les femmes, majoritaires dans le panel, qui sont de plus exposées au harcèlement au travail et à l’effet négatif du « plafond de verre » sur leur carrière. » ?

 

LA CHAINE INFO : RéEVALUER LES MOYENS

Ce que nous disent ces jeunes journalistes, les chargés d’édition – entre autres- de la Chaîne Info le dénoncent depuis des années. Or, France Télévisions avec la complicité de certaines organisations syndicales a lancé cette chaîne avec un financement clairement sous-dimensionné qui ne pouvait aboutir qu’à des conditions de travail dégradées, c’est le cas donc des chargés d’édition. La solution que leur propose aujourd’hui la direction pourrait être pire que le mal et certaines organisations syndicales trouvent (encore) cela satisfaisant. En effet, la direction propose aux chargés d’édition de devenir « chargés d’édition spécialisés » et d’intégrer ce « nouveau » métier à la filière journaliste.

Autrement dit, elle espère régler leur burn-out et la surcharge de travail en leur proposant de faire le même métier avec plus de missions, et en passant par une formation de 25 jours pour devenir journaliste –qui peut le croire- et les appâter avec une carte de presse.

Et quid du salaire et de l’ancienneté ? Aucune grille n’existe pour ce « nouveau » métier. Quant à l’ancienneté, dans le cas de reconversion de PTA vers journaliste, celle-ci est remise à zéro. Et quel avenir ? Que deviendront ces chargés d’édition spécialisés lorsqu’ils seront épuisés ou souhaiteront évoluer vers un autre métier de journaliste ?  Enfin, auront-il le choix de quitter l’entreprise alors que leur métier n’existe pas ailleurs ?

Pour l’UNSA, il s’agit d’être raisonnable et de proposer une véritable reconversion vers des métiers inscrits dans l’accord collectif avec une formation de qualité, le salaire approprié et des perspectives d’avenir.

 

HYPER PROXIMITE : UNE VRAIE PLACE POUR LE RÉSEAU

La vision parisienne du pays et des médias ne doit pas dicter une ligne éditoriale ou la stratégie d’un grand média européen. France Télévisions n’est pas une entreprise comme une autre. Et ce qui est détruit aujourd’hui aura du mal à être reconstruit. On se souvient en 2017 que la direction souhaitait fermer les locales de France 3 pour des raisons que l’on imagine économiques. Aujourd’hui, la tendance est à l’hyper proximité et ces locales sont devenues le plus grand atout avec les bureaux excentrés pour construire les médias de demain. Raisonner en termes d’antenne ou de JT serait également faire une erreur stratégique dans un monde où le média se veut global, où la consommation d’information se fait à la carte, et où la personnalisation des contenus est l’avenir des médias de demain.

L’UNSA mettra la direction face à ses contradictions et lui demandera de donner au Réseau les moyens de ses ambitions qui passera par plus d’autonomie éditoriale, plus de formations et d’accompagnement des parcours.

 

ÉVOLUTIONS TEHNOLOGIQUES : POUR FAIRE MIEUX, PAS AVEC MOINS

Les équipes techniques de France Télévisions ont toujours su s’adapter aux évolutions technologiques et aux outils numériques qui requièrent toujours plus de formation et de spécialisation. Attachés à leurs métiers, ces salariés ont trouvé dans les nouvelles technologies la possibilité de répondre aux exigences toujours plus complexes de la télévision tout en maintenant un niveau de qualité digne du Service Public. Mais en ce qui concerne la direction de France Télévisions, c’est une toute autre histoire ; le numérique c’est trop souvent produire plus avec moins de moyens et surtout moins de monde. Partout, au Siège comme sur le Réseau, elle mutualise, elle optimise et dans le même temps elle continue de supprimer des emplois avec le dispositif de départs volontaires.

L’UNSA sera toujours favorable aux évolutions technologiques mais nous ne pouvons accepter qu’elles puissent être utilisées dans le seul but de réduire les effectifs et de détruire certains métiers.

AU PC INFO : ÇA S’EN VA ET ÇA NE REVIENT PAS
La situation du PC Info parle d’elle-même. Dans ce service, qui est le nœud des répartitions des flux arrivant pour l’info, les conditions de travail y sont tellement dégradées que le manque d’attractivité du service y est inquiétant. Les départs y sont nombreux et les arrivées le fruit de reconversions proposées par la direction à des salariés en recherche de mobilité. Pourtant, le diagnostic est connu : surcharge de travail, manque d’effectifs pour répondre à toutes les chaines de FTV (y compris Paris-île-de-France et France Info), manque d’accompagnement aux nouveaux outils qui nécessitent de nouvelles compétences.

DANS LES RÉGIES ET SUR LES PLATEAUX : ON DIT STOP
Dans les régies et sur les plateaux du siège, les équipes techniques ont été soumises à des cadences infernales avec pour conséquences : fatigue, stress et perte de sens au travail. Une désorganisation de la chaine de décision aboutissant à des modes de fonctionnement aberrants ne tenant pas compte des contraintes inhérentes au travail sur les plateaux et dans les régies sans lumière du jour et avec masques sur le nez. En Février 2021, L’UNSA s’est tenue aux cotés des salariés de la fabrication du Siège lors d’une journée d’action durant laquelle ils ont massivement exprimé leur ras le bol face à la dégradation de leurs conditions de travail et ses effets sur leur santé.

CDE : L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE D’ACCORD MAIS LES HUMAINS D’ABORD
Une anxiété que vivent également les équipes techniques du CDE où une transformation majeure est en cours de finalisation avec mutualisation de toutes les activités, outils et procédures qui suscitent de nombreuses questions et effectifs en forte baisse. L’UNSA reste mobilisée et sera particulièrement attentive lors du déploiement de ce projet aussi impactant pour l’avenir de la régie finale et les conditions de travail de ses salariés.

SERVICES ÉCLAIRAGE : DES EMPLOIS ET NOTRE SECURITÉ
Nous défendrons toujours le recours prioritaire aux moyens internes de fabrication et nous n’accepterons pas que le fonctionnement des services techniques soit dégradé par les départs non remplacés et la chasse aux CDD. Ainsi, nous nous sommes récemment opposés au projet de réorganisation de l’activité des éclairagistes que la direction essaie d’imposer malgré une opposition unanime. Un projet anxiogène destiné là encore à réduire les effectifs au détriment de la sécurité.

APRES TEPI, DEMAIN À QUI LE TOUR ?
Nous nous sommes battus contre le projet Tepi qui prévoyait le transfert des contrats de travail de 86 salariés de France Télévisions vers sa filiale Francetv studio, non couverte par l’accord collectif de France Télévisions. Nous avons même réussi à peser de tout notre poids pour freiner cette machine infernale qui était lancée. 86 salariés aujourd’hui et peut-être toute la Fabrique demain ? Même si la direction assure avoir abandonné ce projet, nous demeurons vigilants et nous n’accepterons jamais que France Télévisions puisse abandonner ses moyens de fabrication.

Journaliste et techniciens sont les deux faces d’une même pièce lorsqu’il s’agit de fournir une information de qualité. L’UNSA lancera un état des lieux dans tous les services de l’info pour évaluer la profondeur du malaise mais d’ores et déjà peut annoncer que le remède est de réinjecter des moyens urgemment pour desserrer le nœud coulant qui étrangle l’info et offrir à l’information une place digne de ce nom sur tous les supports.

 

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