La Direction de France Télévisions aurait-elle oublié que pour mener à bien un projet, la principale ressource reste l’humain ? Les projets se succèdent sur le Réseau France 3 sans considération aucune pour les salariés, voire les managers de proximité. La logique quantitative s’impose sur le qualitatif donnant ainsi le sentiment aux salariés concernés que leur travail n’a d’autre utilité que de fournir du contenu sans valeur ajoutée.
Alors que les salariés alertaient sur le manque de moyens lors du lancement du 18H30, voilà que se profile déjà un nouveau projet : une plateforme commune France 3 – France Bleu.
Bilan d’une régionalisation qui passe mal.
13 chaînes de plein exercice avec des décrochages nationaux, des nouvelles tranches d’information, le développement du numérique : c’est ce que la Direction met dans l’enveloppe régionalisation. On pourrait se réjouir d’une telle ambition pour les salariés du groupe, sauf que celle-ci se heurte à la réalité de nos antennes, avec des effectifs à flux tendus en raison, entre autres, des non remplacements des départs liés à la RCC, sans parler de l’absence de nouveaux moyens. Sur la question du manque d’effectifs : la Direction estime que « l’on peut dégager des moyens grâce aux nouvelles pratiques, nouvelles technologies, à des modes d’organisation différents ». Une sorte de miracle technologique qui permettrait de se passer du savoir-faire humain. Voilà qui n’est pas rassurant.
Certaines régions avaient déjà beaucoup de difficultés à fabriquer les 14 minutes supplémentaires de septembre 2019, quand est venu s’ajouter le 18h30. Qu’arrivera-t-il alors lorsqu’il faudra produire pour une chaîne de plein exercice ? Les problèmes générés par le 18h30 ne sont pas encore réglés. Peu importe. Il faut avancer.
LE PROJET DE RÉGIONALISATION : FABRIQUER PLUS AVEC MOINS DE PERSONNEL
La conception du progrès par la Direction est la suivante : les antennes régionales doivent fabriquer de l’information et des programmes en mettant en place une polyvalence éditoriale et technique. Cela tout en diminuant l’effectif des rédactions régionales et si possible en sous-traitant au privé l’exécution technique des productions.
La Direction du Réseau régional veut mettre en place pour les métiers techniques une dilution des compétences, une automatisation des tâches et une montée en puissance de l’intelligence artificielle, en même temps qu’elle ne cesse de diminuer les effectifs et d’augmenter la charge de travail des salariés encore présents.
Toutes les productions de programmes régionaux doivent réintégrer et/ou rester dans le giron de FTV. Nous ne pouvons entendre que « le privé » est moins cher : ce n’est pas vrai. Par ailleurs, les collaborations avec le privé accentuent le déséquilibre social des salariés de l’audiovisuel en permettant à certains de s’enrichir avec l’argent public, en paupérisant les professionnels intermittents de l’audiovisuel et en les installant dans la précarité. C’est un très mauvais contrat social contre lequel nous nous battrons.
Certes, nos méthodes de travail doivent constamment évoluer mais ce type d’argument est quelque peu décalé avec ce qu’il se fait déjà. Ces réalités ne devraient pas échapper à la Direction… à défaut, les objectifs inatteignables, les conditions de travail dégradées, la démotivation ou encore le désengagement viendront remplir une coupe déjà bien pleine.
Dans ce projet industriel qui supprime des emplois permanents et génère des emplois précaires, l’UNSA France Télévisions défendra chaque salarié pour qu’il trouve sa place, avec les formations de qualité qu’impliquent ces évolutions, et se battra pour le remplacement des départs en retraite.
RAPPROCHEMENT FRANCE 3 ET FRANCE BLEU : JUSQU’OU IRA-T-ON ET AVEC QUELS MOYENS ?
France Télévisions et Radio France continuent le déploiement des matinales filmées de France Bleu sur France 3 – depuis 2019, ce sont 24 matinales qui sont filmées et diffusées – et annoncent le lancement d’une nouvelle offre numérique de proximité commune. Ce média de la vie locale – site + application – doit réunir l’ensemble des contenus de France Bleu (44 stations locales) et du réseau régional de France 3 (24 antennes régionales). Cette plateforme entend répondre aux attentes des utilisateurs en termes de proximité, d’informations servicielles, de recherche de lien social tout en s’appuyant sur les techniques de géolocalisation. D’autres médias en France et à l’étranger ont fait ce pari en créant des communautés en ligne (Le Monde, Le Washington Post).
Ce projet cohérent et ambitieux pourrait donc s’inscrire dans l’avenir à condition de s’en donner les moyens. Or, on apprend qu’il s’agira de déshabiller Pierre pour habiller Paul : France Télévisions va ponctionner dans un budget déjà dédié à la transformation numérique. Voilà pour la promesse qualité.
Sur l’aspect structurel, l’inquiétude tient en trois lettre GIE (Groupement d’Intérêt Economique). Créé pour piloter cette nouvelle plateforme, cette structure pourrait permettre à des entreprises privées d’être partie prenante de la plateforme avec le risque de faire entrer le loup dans la bergerie, le secteur privé visant des objectifs lucratifs bien éloignés de nos missions de Service Public.
L’UNSA FTV a déjà créé des passerelles avec l’UNSA Radio France et veillera à ce que cette nouvelle plateforme ne devienne pas une source de surcharge de travail et de perte de sens de nos métiers.
La proximité est sans aucun doute l’avenir des médias. La crise sanitaire a révélé que l’audience est à la recherche de médias plus proches d’eux et France Télévisions dispose d’un maillage exceptionnel de notre territoire. Le déploiement des offres régionales et de l’hyper-proximité grâce notamment aux bureaux excentrés doit être un impératif à condition de s’appuyer sur les moyens correspondants et de développer une réelle autonomie éditoriale.
PARIS-ILE-DE-FRANCE : UNE ANTENNE DEVENUE PIECE RAPPORTEE AU SIEGE
Depuis son déménagement au Siège, qui date pourtant du 1er novembre 2019, certains services du Siège ignorent toujours qu’ils sont supports pour Paris-Île-de-France, c’est dire du statut de l’antenne régionale, devenue la cinquième roue du carrosse de l’implantation Siège FTV. Depuis son arrivée, les problèmes perdurent : moyens de montage, de mixage, de maintenance dans les Bureaux EXcentrés, qualité de l’air depuis 2 ans dans la rédaction, parking, espace de repos, remplissage du JT par manque de moyens, perte de sens, régie partagée… L’UNSA considère qu’il est prioritaire de régler ces carences et dysfonctionnements qui sont issus d’un déménagement imposé aux salariés, conclu à des fins d’économie, et qui fait de France 3 Paris-IdF une antenne sous-dimensionnée.
La régionalisation au rabais ne saurait être un projet sérieux pour une grande entreprise européenne de l’audiovisuel public !
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