5-img-aidants

#5 / Aidant(e)s : des soutiens indispensables qu’il faut soutenir !

C’est aujourd’hui la journée internationale des droits des femmes. L’occasion de faire le point sur la condition féminine dans l’entreprise et un focus particulier sur la situation des aidants, qui sont en grande majorité des aidantes. Ces salariés qui aident un proche handicapé, malade ou âgé, ignorent qu’ils sont aidants et sont en grande souffrance. Il est de la responsabilité sociétale de l’entreprise de les soutenir. A L’UNSA, où nous préférons les appeler les soutiens aimants, nous avons saisi leur vécu, leurs difficultés et leurs attentes. Bilan des propositions que nous porterons.

Vous vous occupez d’une personne handicapée, malade ou âgée ? C’est ce que l’institution appelle être proche aidant. La loi d’adaptation de la société au vieillissement de 2015 reconnait :

« l’action du proche aidant en tant que personne qui vient en aide de manière régulière, à titre non professionnel, pour accomplir une partie ou la totalité des actes de la vie quotidienne d’une personne âgée en perte d’autonomie. »

Qui dit statut, dit nouveaux droits qui y sont attachés

Les aidants ont été pendant très longtemps les grands oubliés des politiques publiques et, dans l’entreprise, dire que l’on est aidant(e) n’est pas facile, ni facilité. Les accords d’entreprise prennent très peu en compte la situation de l’aidant(e). Pourtant, il y a urgence : nous savons que les aidant(e)s fournissent 77 % du temps quotidien dans l’accompagnement d’une personne dépendante. Il faut avoir été aidant(e) pour comprendre à quel point la charge mentale est importante, pour comprendre combien le quotidien est chamboulé, millimétré, et surtout à quel point on a besoin de soutien.

L’intervention de ces aidant(e)s / soutiens-aimants ne convoque pas uniquement les notions de savoir-faire ou de technicité, mais relève également de l’affectivité, qui induit angoisse et anxiété, autant d’effets psychologiques dévastateurs ou tout au moins usants. Selon la DRESS, 40 % d’entre eux déclarent une atteinte sur leur santé physique ou mentale du fait de cet accompagnement. Il serait peut-être temps de leur accorder la reconnaissance dont ils ont besoin et surtout le soutien qu’ils réclament. Sans leur présence auprès des ainés durant la pandémie, le bilan aurait été certainement plus lourd.

 

Aidant(e), vous n’êtes pas seul(e) !

Aujourd’hui, en France, 54 % des aidants travaillent en entreprise et ils représentent même 20 % des effectifs. Autant dire que l’enjeu sociétal est fondamental pour nos sociétés. Officiellement, les aidant(e)s sont près de 11 millions en France et leur nombre va considérablement augmenter ces prochaines années avec le vieillissement de la population du baby-boom. On comprend dès lors que cela nous concerne tous, de près ou de loin. Demain nous serons tous aidé ou aidant.

Qui sont-ils ? Que font-ils ?

Les aidant(e)s sont dans 85 % des cas des femmes, elles-mêmes à un âge charnière de leur vie (50 ans et plus), en charge de leur activité professionnelle et de leur propre cellule familiale, avec toutes les conséquences que cela implique. Se mêle donc dans cette problématique un enjeu d’égalité entre les hommes et les femmes car ce sont essentiellement ces dernières qui voient leur parcours professionnel impacté du fait de l’aidance : passage de temps plein à temps partiel, promotion ratée, congés sans solde, départ à la retraite anticipé.

Témoignage d’une aidante
« Je reviens de très loin, vous savez. Pendant longtemps, j’ai eu la tête dans le guidon. Quand on est pris dans un engrenage, il est impossible d’anticiper, notamment des temps de répit, des vacances par exemple. Or le grand luxe, c’est le temps. »

À l’UNSA, nous avons interrogé de nombreux aidant(e)s pour établir des propositions au plus près de leur réalité. Tous nous disent courir après le temps et avoir besoin de répit. Certains aimeraient disposer de plus d’autonomie pour gérer un quotidien déjà tendu. Enfin, tous redoutent la perte de salaire et le renoncement de carrière.

 

Pour répondre à cela l’UNSA propose de porter ce sujet auprès des instances, avec des propositions en phase avec cette demande :

autoriser le télétravail sans limite de jours si l’aidant(e) le demande. C’est possible. C’est déjà le cas dans l’accord télétravail signé dans la fonction publique.

accorder des jours de congés supplémentaires distincts des congés enfant, conjoint, parents malades. Lorsque le proche est en situation de handicap, de perte d’autonomie ou endure une pathologie, les visites médicales se multiplient avec pour conséquence d’avoir à poser des jours de congés pour l’accompagner. Le handicap, la maladie ou la perte d’autonomie ne sont pas une maladie saisonnière ou ponctuelle. Ces jours de congés supplémentaires allégeraient considérablement la charge mentale et la fatigue du salarié.

compenser la perte de revenus lors de la prise de congés proche-aidant : depuis décembre 2020, l’État verse une indemnisation aux proches aidants qui s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs proches. Cette indemnisation, revalorisée au niveau du SMIC, est de 58,59 € nets par jour et 29,30 € par demi-journée. L’UNSA demandera à l’entreprise de s’engager au nom de la responsabilité sociétale à compléter cette indemnisation. A titre d’exemple, une entreprise privée du BTP complète le congé aidant à hauteur de 34 euros par jour.

créer un référent aidant(e) à FTV : l’âge médian dans notre entreprise est de 51 ans, c’est-à-dire l’âge moyen de la majorité des aidants. La population qui pourrait avoir besoin d’une cellule d’appui est donc importante. C’est pourquoi, comme sur le système du référent harcèlement, nous demandons que France Télévisions propose ce soutien aux salariés.

accorder une revalorisation salariale automatique chaque année qui serait calculée sur la moyenne des augmentations dans le service et veiller à la progression de leur rémunération. C’est possible. C’est déjà le cas pour les femmes de retour d’un congé parental. Cela représenterait un double avantage : que les aidant(e)s ne soient pas victimes de discrimination du fait de leur absence et/ou d’un a priori lié à l’aidance et que ces salarié(e)s ne craignent plus d’en parler, ce qui permettrait de mieux les accompagner.

porter une attention particulière à la carrière de l’aidant(e) : être en situation d’aidance nécessite de développer un certain nombre de compétences humaines et comportementales qui ne sont pas directement liées à nos métiers mais qui profitent à l’entreprise. Ces compétences – appelées soft skill – sont de plus en plus recherchées dans les entreprises. Il  faut valoriser ces compétences lors des entretiens de carrière afin qu’elles soient prises en compte lors des demandes de mobilité ou de promotion.

Pour l’UNSA, accompagner les salarié(e)s aidants relève de la responsabilité sociétale de l’entreprise. La loi impose de négocier dans les accords de branche un statut pour les aidants.  À France Télévisions, les organisations syndicales majoritaires n’ont pas tenu compte de cette urgence et ont renvoyé les négociations à un prochain accord sur la qualité de vie au travail. Nous refusons d’attendre plus longtemps. Si vous nous donnez votre voix, nous serons la vôtre auprès de la Direction.

 

Femme, aidante et discriminée : n’attendons pas (encore) 50 ans pour l’égalité salariale !

Alors que nous célébrons cette année les 50 ans de la loi sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, le compte n’y est toujours pas ! La Direction communique sur son exemplarité et ses résultats en feignant d’ignorer que :

  • les fonctions occupées par les femmes sont moins bien rémunérées, c’est le cas par exemple des assistantes administratives,
  • les femmes sont moins nombreuses dans l’encadrement, en particulier chez les journalistes,
  • dans les secteurs où les femmes sont surreprésentées les salaires sont moins élevés, c’est le cas notamment du service RH. Des carrières qui démarrent au smic et peinent à évoluer.

L’UNSA refuse d’attendre encore un demi-siècle pour que le travail soit rémunéré à sa juste valeur sans distinction de genre. Pour l’UNSA l’égalité femmes-hommes doit prendre en compte tous les aspects de la vie des salariés qui peuvent impacter leur évolution professionnelle.

 

Chaque voix compte : votez et faites voter srcta-UNSA France Télévisions

Découvrez ici nos autres engagements pour le Siège 

Découvrez ici nos autres engagements pour le Réseau