Chaque jour, la communication interne nous informe sur la situation à France Télévisions pour faire face à la crise sanitaire. Il est question de masques, de gel, de températures et d’exposition des salariés sur site. Pour la Direction, l’objectif de n’avoir que 10% des effectifs sur site est satisfaisant. Ce qui signifie que 90% des salariés ne sont pas sur place. Et c’est sur ce chiffre que nous souhaitons nous arrêter.
Sur la forme, les derniers CSE nous ont révélé toutes les difficultés du télétravail, des réunions à distance qui nécessitent davantage de concentration et d’énergie qu’en présentiel. S’ajoute à cela que certains salariés – des femmes pour la plupart – doivent travailler tout en gérant le quotidien, absorbés par d’autres tâches : celles de devoir s’occuper des enfants et de l’intendance du foyer. Le burn-out guette, d’autant que l’échéance n’est pas connue. Se donner à fond – en un temps limité – est du ressort de beaucoup, mais se donner à fond sans en voir l’issue est susceptible de générer de l’angoisse et du stress. D’autant qu’en cette période, il faut également gérer la menace de la maladie qui plane sur soi et ses proches.
Nous pouvons faire le pari que l’adaptation aura probablement lieu, mais à quel prix ?
Nous tenons à interpeller la Direction à plusieurs niveaux :
Comment préserver les salariés – dont certains sont tenus aux mêmes objectifs – alors que nos vies sont complètement chamboulées ? Peut-on faire comme s’il s’agissait juste de s’adapter à une nouvelle forme de télétravail et évacuer la dimension exceptionnelle/émotionnelle de la situation ?
Comment préserver le collectif de travail – avec tout ce que cela comporte d’échanges, de contacts et de communications informelles – pour que l’isolement créé par cette situation hors-norme ne soit pas une aggravation de la perte de repères et d’angoisse.
Enfin, comment anticiper le retour à une activité normale dans quelques semaines, et peut-être plus encore, quand certains salariés – et statistiquement, il y en aura – auront perdu un proche, un parent ?
Ce sont des questions que nous devons nous poser dès à présent. Le travail est un lieu de socialisation et non de distanciation. L’individualisation de la société a fait apparaître un besoin de personnalisation. C’est d’ailleurs sur ces concepts que les plateformes numériques se développent. A l’heure où France Télévisions nous parle de transformation digitale, nous voilà revenus aux bonnes vieilles méthodes : une communication interne – certes, nécessaire – et puis c’est tout !
L’UNSA FTV préfère alerter la Direction sur le jour d’après, qui se prépare dès aujourd’hui, car le risque est trop grand. Il en va de notre santé à tous !