Liminaire CSE Siège
Tempo ! Un projet vide… vide de sens et d’ambition, contrairement à ce que claironne la Direction. En effet, à l’heure du développement de l’IA qui se présente comme l’enjeu de demain – et qui devrait mobiliser la réflexion et les projets de l’entreprise- la Direction fait le choix de « bricoler » un projet qui implique un changement majeur et qui va aboutir à la suppression sans concertation des éditions nationales de France 3.
Un projet qui se veut média global alors qu’il se limite à la suppression des éditions nationales, pendant que la concurrence continue de développer ses plateformes numériques et sa force de pénétration sur tous les supports.
C’est sûr qu’en termes d’annonce et de changement culturel, la direction a frappé vite et surtout fort. Si fort que les salariés en sont encore sonnés. Et ce n’est pas nous qui le disons mais bien le rapport d’expertise présenté lors de ce CSE.
Un rapport d’expertise qui met clairement en évidence la façon de procéder de la direction. Les processus de conduite de projets ne sont pas respectés et impliquent des risques réels sur la santé des salariés. La catastrophe est donc en train de s’organiser sous nos yeux.
L’UNSA et les autres syndicats ne restent pas les bras croisés, mais la Direction refuse d’entendre les mises en garde. Pire encore, les rares employés qui osent interpeller directement la Direction ne reçoivent aucune réponse à leurs légitimes interrogations et préoccupations.
La direction va-t-elle également mettre sous le tapis un rapport d’expertise qui souligne les défaillances nombreuses du projet ? Un rapport qui décrit comment Tempo va faire courir un risque aux salariés tant en termes de moyens, de charge de travail, d’expertise métiers d’accompagnement des salariés… le tout sans tenir compte des délais inhérents à la mise en place d’un tel projet.
La co-construction à FTV n’est qu’un leurre pour donner de la crédibilité à un projet qui n’en a aucune ! Les ateliers se sont multipliés sans beaucoup de résultats et surtout sans réelle prise en compte des inquiétudes et des propositions des salariés.
La direction semble faire le choix de n’écouter ni les signaux faibles, ni les alertes et se met dans la posture d’avoir raison seule contre tous ! Avoir raison seule contre tous présente – de notre point de vue- au moins un avantage : la chaine des responsabilités sera facile à identifier lorsque les conséquences d’un tel projet précipité et imposé de force deviendront visibles.
Des conséquences sur la santé largement décrites dans le rapport. En effet, ce projet s’inscrit dans un contexte fortement dégradé, avec de nombreux risques psycho-sociaux d’ores et déjà identifiés avant même son déploiement. Cette éventualité n’est pas un fantasme puisque les risques identifiés par les experts font échos à ceux déjà rapportés par la commission santé.
Il est d’ailleurs impossible pour l’Unsa de ne pas évoquer le sort des réalisateurs qui collaborent depuis de nombreuses années à la fabrication des éditions nationales de France3. Nous n’oublions pas que notre organisation syndicale a été créée par des réalisateurs à une époque où la télévision respectait ses salariés et leurs métiers.
Mais aujourd’hui, la Direction demeure incapable de répondre à leurs angoisses, à leur désarroi face à un projet qui va les impacter de plein fouet. Aucune réflexion sérieuse ne semble avoir été prévue quant à leur avenir. Le message semble hélas très clair, il n’y a plus rien pour vous ICI, allez donc voir ailleurs !
Sur le plan de la stratégie éditoriale, supprimer les éditions nationales ne va pas seulement déstabiliser les salariés mais anéantir des années de travail et la confiance construite avec les téléspectateurs fidèles à nos éditions, comme cela a été le cas avec le Soir 3.
La question qui se pose désormais est donc : qui veut la mort de France 3 ?
Sous couvert de régionalisation, la direction fait le choix de s’attaquer à la seule chaîne du PAF réellement identifiée comme une chaîne régionale, au risque de l’affaiblir et de s’éloigner de ses missions. Renforcer France 3 ne passe pas par sa destruction, mais plutôt par le développement de projets ambitieux en renforçant ses équipes. Cette annonce intervient au pire moment de l’existence de notre entreprise, déjà affaiblie par la suppression de la redevance et dans un climat de méfiance envers les médias.
La direction répète à l’envi qu’il s’agit de renforcer l’offre régionale et la régionalisation. Une tendance qui s’impose dans les discours médias depuis déjà de nombreuses années et que FTV semble découvrir aujourd’hui. Ce nouvel intérêt pour la régionalisation suscite des interrogations d’autant plus grandes, qu’en 2017, nous avons dû nous battre pour sauver les éditions locales de France 3, alors que la Direction n’y accordait que peu d’importance.
Voilà pour le contexte déjà connu. Autre question majeure qui se pose concernant Tempo et le nom proposé pour ces nouveaux JT : ICI Midi et ICI Soir. Ce nom n’est pas anodin car il fait écho à la plateforme ICI déployée par France Bleu et France 3.
Est-ce à dire que ce projet Tempo cache en réalité une future fusion avec Radio France, qui se fera probablement sans concertation aucune ? Peut-être en 2024, en même temps que la clause de revoyure ? 2024, une année déjà marquée par l’incertitude quant aux modalités de financement de France Télévisions.
La question mérite d’être posée tant le projet Tempo semble dépourvu de tout sens… du moins pour les salariés à qui la direction veut l’imposer… ni pour les téléspectateurs attachés aux éditions de France 3.