Liminaire CSE France 3 Corse Via Stella
En préalable à ce CSE, notons tout d’abord le caractère particulier de la période que nous venons de traverser, période marquée par la contrainte sanitaire et par de nombreux bouleversements en termes de conditions de travail. L’instauration du télétravail, de protocoles d’échanges à distance ainsi que de règles strictes d’accès à nos locaux aura permis de répondre à l’urgence, rendant possible nos différentes missions et activités liées, tout en mettant en oeuvre le principe de sécurité sanitaire. La faculté d’adaptation des différents services est à saluer, ainsi que l’engagement profond des équipes, et ce malgré les difficultés inhérentes à un tel bouleversement.
Dans cette période complexe, plus que jamais, le service public a démontré sa faculté à répondre aux besoins de ses téléspectateurs et de notre société. Cela au prix d’une grande implication et d’efforts répétés au quotidien. Néanmoins, le retour progressif à la normale dans nos habitudes de travail ne peut pas être considéré comme une étape purement technique. Beaucoup d’énergie et de volonté ont été nécessaires pour que cette période se passe pour le mieux. Il faut maintenant considérer tout l’effort que constitue une ré-appropriation de nos procédures et de nos savoir-faire. Pour certains d’entre-nous, cette étape sera plus complexe que pour d’autres, au regard de toutes les tâches que l’on peut déjà envisager et de celles qui viendront s’y rajouter.
Nous espérons que tous les moyens seront mis en œuvre par notre entreprise afin de faciliter ce processus, dans la concertation et l’accompagnement des salariés au sein des différentes corporations. N’oublions pas combien ce processus est basé sur l’humain, sur la confiance réciproque et la compréhension.
Revenir à des pratiques normalisées, c’est aussi mesurer toute l’ampleur de la tâche qui nous attend. Et ce dans un contexte parfois tendu au sein des services. Certains pans de notre activité révèlent en effet des carences, voir des dysfonctionnements chroniques, souvent bien antérieurs à la crise sanitaire.
Le CSE doit débattre aujourd’hui des perspectives de programmation sur nos antennes pour l’été et la rentrée à venir. Force est de constater que la pierre angulaire de ce processus n’est toujours pas posée : l’allongement du délai de nomination d’une ou d’un directeur des programmes n’est pas un facteur de sérénité.
Nous entendons les termes de la ligne posée par la direction territoriale dans ce domaine. Et nous y adhérons dans sa dimension participative, sa temporalité et sa recherche de cohésion. Mais nous demeurons vigilants sur les facteurs d’inertie qui se sont renforcés ces derniers mois.
Nous réaffirmons ainsi notre attente à voir cette nomination intervenir au plus vite, au terme d’une réflexion pragmatique, maîtrisée au niveau local, axée sur un projet qui viendra consolider les acquis et ouvrir de nouvelles voies pour Via Stella et son public.
En effet, au regard du projet de régionalisation présenté dans son détail aujourd’hui, nous voyons combien l’inspiration d’une chaîne telle que la nôtre a pu contribuer à élaborer une feuille de route globale pour donner un souffle nouveau aux régions du réseau de France 3.
C’est une satisfaction mais aussi une source de questionnement : Quelle place donner à Via Stella dans une stratégie globale qui met en avant comme une nouveauté tous les objectifs qui sont les nôtres depuis toujours ? Quelle marge de manœuvre sera la nôtre avec des moyens humains et éditoriaux tirés vers le bas ? Où fixer les priorités sans d’abord se pencher sur la réalité de ce nous sommes ?
En la matière, l’analyse des données budgétaires que nous nous apprêtons à pratiquer laisse présager plusieurs inquiétudes – nous y reviendrons – quant à la baisse drastique des ETP et le recours exacerbé à la production externe.
Il apparaît risqué, et même totalement contradictoire, de poursuivre un écrémage tel qu’il se lit dans les données chiffrées que nous avons désormais en notre possession, après une longue période de flou. Nos craintes trouvent dans ces chiffres une implacable raison d’être. D’autant que la politique du plus avec moins rejaillit inexorablement sur les salariés. Rappelons combien la situation de certains services se trouve déjà dégradée, et combien l’effort répété demandé aux équipes laisse entrevoir un dangereux risque pour les salariés et la mise en oeuvre de leurs missions au quotidien.
Il faut impérativement mettre des actes à la suite de ces différentes doctrines, fussent-elles en partie cohérentes sur le papier. Toujours plus d’économies, toujours plus d’engagement, mais sans regarder les problèmes structurels en face, pour tenter d’y remédier…
Cette situation est d’autant moins admissible que se pose actuellement la question de la pérennité du service RH dans notre entreprise. De la fin de carrière à l’emploi de jeunes à des tâches stratégiques dans des conditions précaires, quelle sera la ligne des ressources humaines ces prochains mois ? Notre entreprise croule sous les dossiers RH de toutes natures. Accumulation qui s’est amplifiée sous l’effet des conditions de travail dictées par la crise. N’oublions pas combien cette période, techniquement et psychologiquement lourde, a pu distendre les rapports entre nous tous, biaiser nos capacités de remise en question, et complexifier les problématiques de fonctionnement.
Nous ne laisserons pas s’instaurer une gestion à la petite semaine, au détriment des accords sociaux, de la santé des personnes et parfois des règles de base dictées par la législation du travail.
Les cas d’absence maladie sont là pour nous le rappeler, bien des manquements sont venus contrecarrer la bonne marche de notre activité. Notre faculté à offrir aux salariés une ambition collective digne de nos objectifs semble elle aussi écornée. Nous ne pouvons pas nous permettre, représentants syndicaux comme membres de la direction, de laisser l’inertie de la période se transformer en alibi, ni un peu plus en habitude de fonctionnement.