Lundi 18 octobre 2021, la Direction renonce à son projet de transfert forcé de salariés vers la filiale FTV Studio, accompagnant la cession d’émissions emblématiques à son profit.
Cette nouvelle n’est pas le fruit d’une intervention du Saint-Esprit, loin de là. Elle découle de sept longs mois d’angoisse, d’opposition et de lutte, où l’entreprise a refusé de voir la détresse des salariés et les alertes répétées des élus, ainsi que la saisie de la justice, tout comme le diagnostic accablant qu’a réalisé la médecine du travail en recensant tous les effets psychosomatiques affectant les personnes touchées par le transfert depuis son annonce. Peine perdue.
Non, ce pas de retrait n’est pas intervenu dans le cadre de négociations ou de débats.
La raison tient en deux lettres toutes simples : TS*.
Il aura fallu un drame, à peine évité, pour que le message soit entendu. Pour qu’on se souvienne que les décisions imposées en dépit du bon sens et à défaut de bienveillance, autant que de consentement, sont parfois lourdes de conséquences.
Qui serions-nous pour crier victoire en pareille circonstance ? Quelle Direction aurait suffisamment peu d’humanité pour maintenir une position inflexible et une logique froide de rentabilité quand cela peut coûter la vie aux personnes qui auront à en subir la réalité brutale et faire la sourde oreille quand elles l’appellent au secours ?
Le phénomène d’opposition/résignation/acceptation est un concept managérial périmé et correspond d’ordinaire au schéma psychologique du deuil.
Étrange méthode pour un service public, censé veiller à l’éthique, l’équité et au respect des personnes qui contribuent à son rayonnement.
Nous exprimons bien entendu tout notre soutien à la salariée concernée, et espérons son rétablissement, de même qu’à tout le collectif en état de choc.
Car malgré l’annonce du recours au seul volontariat, personne ne peut sérieusement imaginer que les volontaires se bousculeront au sein d’une population désormais traumatisée par la tournure des événements, qui n’a eu de cesse de demander le retrait de ce transfert imposé. La responsabilité de cette situation gravissime relève exclusivement de l’employeur, en l’occurrence France Télévisions et – in fine – de sa Présidente.
La confiance est une chose fragile, indispensable au bon déroulement d’une relation professionnelle : un employeur est censé veiller à la santé et à la qualité de la vie au travail de ses salariés. C’est une obligation légale, autant qu’un contrat moral.
Aucune réforme ne peut se soustraire à la dignité des personnes qu’elle vise. Aucun projet ne peut ignorer leur désespoir et en aucun cas en être la source. Ces personnes ont une carrière, une famille, une conscience. Aucune cause, aucun résultat, aucun objectif ne mériteront jamais un tel prix. Jamais.
Espérons que le lien n’est pas rompu pour de bon et que l’intégrité de chaque salarié-e soit désormais la priorité. C’est le seul moyen de pouvoir retrouver, à terme, un climat apaisé.
*TS= tentative de suicide
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