CSE-siège

Masques dehors, rage dedans

Nous y sommes, enfin pas vraiment… 2022 devait être une année de grands chantiers pour France Télévisions, avec un calendrier riche d’événements : JO d’hiver, élection présidentielle et pléthore de programmes spatiaux! Bien que le calendrier ait fait un nouveau tour, certaines choses ne se sont pas effacées en changeant les chiffres.

A commencer par une pandémie qui n’a de cesse de muter et s’inviter au menu, faisant revenir les salariés sur leurs sites respectifs pour mieux retourner télétravailler. Salariés lessivés qui aimeraient voir un semblant de cohérence et de continuité pour leur activité professionnelle, afin de préserver un tant soit peu d’équilibre personnel. Dans des conditions sécurisantes, à défaut d’être rassurantes.
Et à ce niveau, le compte n’y est pas :

reportages et itinérance, travail en open-space, non-recours à l’acheminement en taxi alors même que mardi 18 janvier, nous crevions un nouveau plafond record de contaminations en France avec près de 465000 cas recensés en 24h, et plus de 26000 personnes hospitalisées, dont presque 4000 en réanimation.

Pas de quoi rassurer, en effet ! On a pu s’en attrister récemment à francetv…

A-t-on appris à ne plus sous-estimer les risques encourus ?

La Direction met en avant la mise à disposition progressive de salles d’autotest dans les établissements, ainsi que la distribution au compte-goutte de masques FFP2 pour les seules équipes de reportage et dans certaines régies.

Mais ce devrait être le cas pour l’ensemble des personnels ne travaillant pas depuis leur domicile !

Pourquoi continuer à distribuer des masques en tissu que toutes les compagnies aériennes refusent désormais, alors que seul le masque FFP2 a la capacité de protéger efficacement sur une journée ?

Pour le montage en itinérance, les départs en reportage à 3 dans un même véhicule pendant de longues heures, par exemple.

Pourquoi insister sur la responsabilité individuelle dans le respect des gestes barrières alors que sur les plateaux, on continue de faire venir des invités lors de séquences démasquées pour la plupart d’entre eux, ainsi que les présentateurs qui animent ces tranches ?

Pourquoi n’a-t-on pas installé de capteurs de CO2 dans toutes les zones ne permettant ni la distanciation physique, ni l’aération par ouverture de fenêtres, comme c’est le cas – entre autres – à la rédaction de franceinfo TV ?

Cette même rédaction qui a déjà dû composer avec la difficulté d’évoluer en permanence dans un décor filmé – sans espace de pause, ni équipement aux normes ergonomiques – et qui reste toujours trop occupé. Et ce, de 3h du matin à minuit, chaque jour et chaque semaine, toute l’année.

La difficulté, encore, du manque d’effectifs et d’une forte tension dans les postes à l’édition, pour les responsables d’édition qui continuent d’enchaîner des vacations trop longues ou pour les chargés d’édition qui ne cessent de subir les tâtonnements d’une Direction qui temporise et joue les apprentis-sorciers quand il s’agit de répondre à leurs alertes répétées concernant leur surcharge d’activité, l’absence d’évolution professionnelle concrète, autant que du manque de reconnaissance qui leur est adressé en dépit de leurs efforts de longue haleine, en effectif toujours insuffisant. Serait-ce si difficile de trouver une proposition sérieuse en réponse à ces 8 personnes, dont 2 sont en burnout depuis bientôt 3 ans ?

Qu’en est-il en régie, où les CTR eux-aussi ont fait part de leur exaspération quant aux difficultés techniques et à l’absence de reconnaissance de leurs compétences véritables ?

L’excuse de la nouveauté ne peut plus s’y substituer. Les 5 bougies désormais bien soufflées, la chaîne se dirige vers l’âge de raison et il serait plus judicieux de la trouver en amont, avant de s’essouffler. Une télé qui souffre, ce sont des antennes qui se dégradent. Et à ce train-là, les audiences – autant que la crédibilité – du service public seront ébranlées.

Quelle autre révolutionnaire surprise cette année va-t-elle encore pouvoir nous fournir ?

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