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Quand l’information se démocratise, la fabrication se délocalise

La Direction a plus d’un tour dans son sac, surtout dans le sac des voisins. Les voisins, en l’occurrence, ce sont les salariés du Siège. Ceux qui contribuent depuis des années à l’image de l’audiovisuel public. Comment oublier que « Des chiffres et des lettres », « Thalassa », « Faut pas rêver », « Télématin », « Des racines et des ailes » ou plus récemment, « Passage des Arts », ont donné envie à nombre d’entre nous de travailler pour France Télévisions. Aujourd’hui, ces salariés pourraient ne plus faire partie de la Maison mais d’une filiale, avec l’option siège éjectable sans parachute doré.

Le transfert de la production pose un problème évident en matière de contrats et d’avantages liés à l’accord collectif d’entreprise de 2013 et surtout en termes de missions de service public. Un bien mauvais signal, qu’envoie précipitamment la Direction à ces équipes. La méthode est connue : provoquer un choc, une sidération et éviter toute contestation.

La Direction gagnerait pourtant à laisser un temps de réflexion aux salariés concernés, sans les contraindre, ne serait-ce que pour susciter une éventuelle adhésion chez certains, et pour limiter les risques psychosociaux dans tous les cas.

En cette période de crise sanitaire déjà anxiogène, France Télévisions n’est pas à la hauteur et fait preuve d’une bien étrange façon de remercier un collectif de travail déjà épuisé et inquiet. Les risques pour la santé des salariés s’entrevoient d’ores et déjà.

Selon le code du travail : « l’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Dans ce cadre, l’employeur ne doit pas seulement diminuer le risque, mais doit l’empêcher ». On est très loin du compte, ici, puisque les décisions de l’entreprise créent le risque !

Pire encore, certains salariés se sentent menacés lorsqu’ils osent exprimer leur appréhension d’un transfert qui va totalement bouleverser leurs conditions de travail. On leur demande grosso modo de s’y résigner, et surtout en silence !

Pour justifier ce transfert, la Direction s’appuie sur un raisonnement dont les bases légales restent à vérifier, la notion « d’entité économique autonome ». Autrement dit, ces émissions sont des entités à part entière et leur transfert est possible.

Ce raisonnement est d’autant plus inquiétant qu’il ouvre la porte à un démantèlement de France Télévisions, car la plupart des secteurs du groupe seraient donc transférables.

L’UNSA FTV tient absolument à alerter l’ensemble des salariés de l’entreprise que ce transfert pourrait les concerner demain et que soutenir leurs collègues de la production aujourd’hui, c’est veiller à leur propre avenir. N’oublions pas que se négocie – en parallèle, depuis 2019 – un accord de branche sur la télédiffusion. Accord qui exclut la production ! France télévisions ne deviendrait alors, à terme, qu’un simple diffuseur.

Une pétition contre le transfert des émissions en gestion directe vers la filiale France•tv Studio, à l’initiative du collectif de salariés de ces émissions, est désormais en ligne , à retrouver ici. L’UNSA invite tous les salariés de FTV à la signer massivement.

L’UNSA FTV demande le retrait de ce projet et mettra en œuvre tous les moyens à sa disposition pour éviter aux salariés visés de subir ce plan qui n’est bon ni pour eux, ni pour l’avenir de l’audiovisuel public.