A la fois tant attendu et tant redouté, le déconfinement annonce-t-il – comme certains le disent – le monde d’après, où rien ne sera plus pareil ? « Sachons – dans ce moment – sortir des sentiers battus, des idéologies, nous réinventer… et moi, le premier. » Ce vœu, prononcé par le Président de la République lors de son discours du 13 avril 2020, aura-t-il trouvé écho auprès de la direction de France Télévisions ? Cette direction – qui depuis 5 ans a tant transformé, numérisé, optimisé et surtout économisé – saura-t-elle se réinventer et sortir des préjugés de l’ancien monde dynamité par cette crise sanitaire ?
Aujourd’hui, à l’évidence, après deux mois de confinement, la «bonne vieille télévision» – dont certains avaient déjà programmé la disparition – a repris des couleurs. Le projet de loi sur l’audiovisuel public étant reporté aux calendes grecques, y-a-t-il encore un sens aujourd’hui à faire disparaître France 4 et France Ô?
Pourra-t-on encore imposer, sans fin, des économies aux salariés de France Télévisions qui, eux non plus, n’ont pas démérité depuis deux mois ? Télétravail, nouvelles procédures… ils ont su se réinventer pour continuer à remplir leur mission malgré les difficultés. Jusqu’à quand la situation de l’emploi continuera-t-elle d’afficher d’année en année une diminution du nombre d’ETP – particulièrement chez les PTA, comme l’atteste encore le bilan de l’emploi 2019 – avec pour conséquence des souffrances provoquées par l’augmentation de la charge de travail ?
Et que dire du traitement des non-permanents, si durement touchés durant cette période ?
Au lieu de s’inspirer des mesures mises en place par d’autres entreprises de l’audiovisuel public qui garantissent un véritable revenu, France Télévisions préfère s’en décharger sur les salariés en CDI en imaginant la création d’un fonds de soutien solidaire, financé par les CET.
Ce projet d’accord, indigne d’une entreprise qui a su trouver 20 millions d’euros pour soutenir les producteurs privés, est dangereux à plusieurs titres :
il va laisser de côté un grand nombre de non permanents qui n’auront pas atteint les critères requis en nombre de jours travaillés
et il va réduire à peau de chagrin les CET des permanents, déjà impactés par la perte de RTT durant la période de confinement.
Pire encore, une organisation syndicale s’appuyant sur un pseudo sondage des salariés prétend soutenir les non-permanents en proposant une politique d’aide basée sur le don de RTT ! Et pourquoi pas un Téléthon ?
Au-delà de l’aspect aléatoire d’une telle mesure, cela générerait de la défiance entre collègues, à l’heure où le renforcement des collectifs de travail est indispensable à la bonne santé de l’entreprise.